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Révolution verte dans l’immobilier : ce que la loi Climat change (ou pas) pour propriétaires et locataires

Loi Climat et immobilier : entre obligations renforcées et promesses inabouties

La transition écologique s’invite dans nos logements. Depuis son adoption en 2021, la loi Climat et Résilience bouscule les règles du jeu pour propriétaires, locataires et professionnels de l’immobilier. Mais entre les annonces tonitruantes et la réalité du terrain, où en est-on vraiment ? Plongeons dans les mesures qui font déjà effet… et celles qui peinent à se concrétiser.

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🏡 1. Les passoires thermiques dans le collimateur : un calendrier (trop) progressif ?

La lutte contre les logements énergivores (classés F ou G au DPE) est le fer de lance de la loi. Voici ce qui change dès maintenant :

- Interdiction de louer les pires passoires (G+) : Depuis 2023, les logements consommant plus de 450 kWh/m²/an (soit environ 15 000 € de travaux en moyenne) sont exclus du marché locatif. Une mesure qui concerne 60 000 logements, selon l’ADEME. - Extension aux logements F en 2025, puis E en 2028 (pour les nouvelles locations) et 2034 (pour l’ensemble du parc). - Sanctions financières : Jusqu’à 30 000 € d’amende pour les propriétaires récalcitrants, assortis d’une obligation de travaux sous 2 ans.

⚠️ Mais… - Le gouvernement a repoussé l’échéance pour les logements F, initialement prévue en 2024. Un report qui soulage les propriétaires, mais retarde l’objectif de zéro passoire thermique d’ici 2028. - Aucun accompagnement financier systématique : Les aides comme MaPrimeRénov’ restent sous conditions de ressources, laissant de nombreux ménages sur le carreau.

> « On nous demande de rénover, mais sans nous donner les moyens. Avec des devis à 20 000 €, comment faire ? »Témoignage d’un propriétaire parisien (source : 60 Millions de Consommateurs).

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💰 2. Aides à la rénovation : un parcours du combattant ?

La loi promet des milliards d’euros pour accélérer la rénovation, mais dans les faits, les dispositifs restent complexes et inégaux :

Ce qui marche : - MaPrimeRénov’ étendue à tous les propriétaires (sans condition de revenus pour les travaux de décarbonation). - Bonus « sortie de passoire thermique » : Jusqu’à 5 000 € supplémentaires pour les ménages modestes. - TVA réduite à 5,5 % pour les travaux d’isolation ou de chauffage performant.

Les angles morts : - Délais d’instruction interminables : Jusqu’à 6 mois pour obtenir MaPrimeRénov’ dans certaines régions. - Exclusion des copropriétés : Les aides individuelles ne couvrent pas les travaux collectifs (ravalement, toiture…), pourtant cruciaux pour les immeubles anciens. - Manque de professionnels agréés : Dans certaines zones rurales, moins de 10 % des artisans sont labellisés RGE (Reconnu Garant de l’Environnement), condition sine qua non pour bénéficier des aides.

📊 Chiffre clé : Seulement 15 % des logements F ou G ont été rénovés depuis 2021 (baromètre Qualitel 2023).

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🏢 3. Copropriétés : l’urgence climatique bute sur les divisions

Les 10 millions de copropriétaires français sont en première ligne, mais la loi Climat peine à désamorcer les blocages :

🔹 Obligation de plan pluriannuel de travaux (PPT) : - Toutes les copropriétés doivent désormais établir un diagnostic technique global (DTG) et un plan de travaux sur 10 ans. - Problème : Le coût (entre 3 000 € et 10 000 €) est souvent rejeté par les assemblées générales, faute de majorité.

🔹 Fonds de travaux obligatoire : - Les copropriétés doivent constitué un fonds dédié (minimum 5 % du budget annuel). - Réalité : 60 % des syndicats de copropriété n’ont pas encore mis en place ce fonds (Fédération Française du Bâtiment).

💡 Solution envisagée : Un prêt collectif garanti par l’État est à l’étude, mais son déploiement reste incertain.

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🚀 4. Les mesures qui pourraient tout changer (si elles étaient appliquées)

La loi Climat contient des pépites méconnues, mais leur mise en œuvre traîne :

🔸 Interdiction des chaudières fioul : - Dès 2024, leur installation est prohibée dans les logements neufs, et 2028 pour les remplacements en ancien. - Mais : 3,5 millions de ménages en dépendent encore, et les alternatives (pompe à chaleur, bois) restent coûteuses.

🔸 Solarisation des parkings : - Les parkings de plus de 500 m² doivent être équipés de panneaux solaires d’ici 2026. - Potentiel : 11 GW d’électricité supplémentaire (soit 2 réacteurs nucléaires), selon l’ADEME.

🔸 Zéro artificialisation nette (ZAN) : - Objectif : diviser par deux la consommation d’espaces naturels d’ici 2030. - Conséquence : Raréfaction des terrains constructibles et hausse des prix dans les zones tendues.

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🔮 5. Et demain ? Les pistes pour accélérer la transition

Face aux lenteurs administratives et aux résistances, des voix s’élèvent pour corriger le tir :

- Simplifier les aides : Fusionner MaPrimeRénov’, les CEE (Certificats d’Économies d’Énergie) et les subventions locales en un guichet unique. - Renforcer les contrôles : 10 % des DPE sont aujourd’hui faussés (source : DGCCRF). Une certification obligatoire des diagnostiqueurs est réclamée. - Taxer les logements vacants énergivores : Une piste pour inciter à la rénovation ou à la mise en location, comme le propose Terre de Liens.

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📌 En résumé : ce qui vous attend en 2024

| Mesure | Échéance | Impact pour vous | |--------------------------|--------------------|-----------------------------------------------| | Interdiction location G+ | Dès 2023 | Vérifiez votre DPE avant de louer ! | | Fin des chaudières fioul | 2024 (neuf) | Anticipez le remplacement (coût : 10 000 €+). | | MaPrimeRénov’ élargie | 2024 | Profitez des bonus si vous êtes éligible. | | DTG obligatoire | Dès maintenant | Votre copro doit agir (sinon, risques juridiques). |

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💬 Le mot de la fin : une loi ambitieuse, mais des réalités tenaces

La loi Climat et Résilience a le mérite de fixer un cap clair : rénover 700 000 logements par an et sortir des énergies fossiles. Pourtant, entre manque de moyens, complexité administrative et résistances locales, l’objectif semble hors de portée.

Pour les propriétaires, la règle est simple : anticipez. Pour les locataires, exigez un DPE fiable. Et pour tous, suivez de près les évolutions — car une chose est sûre : l’immobilier de demain sera vert… ou ne sera plus.